Et si la ménopause n'était pas une fin, mais au contraire le début du reste de notre vie ?
- CaroleSanté&Nutrition

- 3 mars
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 mars
La ménopause est redoutée des femmes car souvent perçue comme une période de déclin en Europe. Cependant en d'autres lieux du globe des femmes semblent traverser cet épisode de vie beaucoup plus sereinement. Quelles sont les différences culturelles significatives ? Peut-on s'en inspirer pour vivre ce chapitre plus sereinement ?

La ménopause, voilà une étape charnière dans la vie d'une femme !
Cette période s'accompagne de boulversements hormonaux, qui peuvent impacter notre bien-être physique et mental.
La ménopause : un voyage hormonal
La ménopause est un phénomène physiologique naturel, marquant la fin des cycles menstruels et de la fertilité. Elle survient généralement entre 45 et 55 ans, précédée d'une phase de transition appelée périménopause.
Petit rappel physiologique
Chaque femme nait avec un nombre limité de follicules ovariens qui contiennent les ovaires immatures. Dès la puberté, chaque mois un ovule est amené à maturité et relâché : c'est l'ovulation.
Chaque mois le nombre d'ovules décroit au fil des cycles menstruels.
Quand ce nombre atteint un seuil critique, on entre dans une période de transition, appelée péri-ménopause.
Véritable yoyo hormonal, les cycles menstruels deviennent anarchiques à cause des perturbations de la sécrétion de nos hormones : progestérone et oestrogène.
Puis l'équilibre hormonal finit par s'effondrer, les cycles ne reviendront plus.
Il faudra attendre une absence de règles de 12 mois consécutifs pour être déclarée ménopausée.
Ces hormones jouent un rôle essentiel dans notre bien-être physique et émotionnel.
Bien que cette étape de notre vie de femme soit naturelle, elle est vécue et perçue différement selon les cultures.
Loin d'être une expérience universelle, la ménopause est un kaléidoscope culturel, façonnée par des traditions, des croyances et des contextes socio-économiques variés.

Europe : Entre médicalisation et ouverture
En Europe, la ménopause est souvent abordée sous un angle médical.
Avec une focalisation sur les traitements hormonaux substitutifs (THS) et les symptômes, la ménopause est encore synomyme de déclin avec sa cohorte d'effets secondaires (bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, palpitations, sécheresse vulvo-vaginale,baisse de la libido, troubles urinaires, fatigue, insomnies, irritabilité, anxiété, douleurs articulaires, prise de poids...)
En terme de pourcentage , 20 % des femmes ne ressentent aucune gêne, tandis que 20 % vivent une situation invalidante nécessitant un accompagnement médical ; une majorité de 60 % de femmes se trouvent dans une zone de fluctuation où les signes de ménopause vont et viennent sur plusieurs années.
80 % des femmes sont donc impactées par ce changement hormonal.
Malgré une ouverture croissante du sujet, les tabous persistent, notament autour de la sexualité et du vieillissement, créant parfois un sentiment d'isolement chez les femmes.
Cependant, des initiatives positives émergent peu à peu avec des approches plus hollistiques et naturelles dans certains pays comme par exemple dans les pays nordiques.
Asie : Une transmission naturelle vers la sagesse
En Asie, la ménopause est souvent perçue comme une étape naturelle, un passage vers la sagesse et le respect.
Si les symptômes de la ménopause sont les mêmes d’un pays à l’autre, ils ne sont pas vécus de la même façon. Par exemple, les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes touchent 75% des femmes occidentales, contre seulement 10% pour les femmes japonaises.
D'ailleurs au Japon, le mot "ménopause" n'est pas utilisé. On parle plutôt de "kônenki" qui signifie "changement de vie". Cette vision de ce changement chez la femme souligne l’importance de la psychologie dans l’acceptation de cette étape de la vie. Les japonaises attachent donc peu d'importance à la fin des menstruation.
Par ailleurs, les maladies chroniques associées à la ménopause comme l'ostéoporose, les maladies cardiaques et les cancers du sein, sont bien moins fréquentes chez les femmes japonaises.
La médecine traditionnelle chinoise, avec ses approches douces comme les herbes médicinales et l'acupuncture, joue un rôle central dans l'accompagnement de cette transition.
En Inde, pays soumis au régime des castes, les coutumes changent beaucoup selon le milieu socioculturel.
Chez les Rajputs, la ménopause est considérée comme un évènement positif car les femmes sont exclues en grande partie du lien social dans la période des règles. Mais lors de la ménopause, elles peuvent rejoindre les hommes dans les assemblées de village et participer aux décisions communes.
Pour les Sikhs, la fin des règles signifie la cessation d’une situation d’impureté, le passage à la ménopause représente le nettoyage final de leur vie et les rend à nouveau pure. Ce nouvel état les libère d’un certain nombre de tâches ménagères comme la préparation commune des repas pour la famille. Cette nouvelle situation leur donne autorité sur les femmes plus jeunes et leur permet, comme pour les Rajputs, de participer aux réunions villageoises avec les hommes. La ménopause est donc valorisante pour ces femmes.
Afrique : entre tradition et défis
Continent aux mille visages , l'Afrique offre une mosaïque d'expériences de la ménopause.
Entre dépendance religieuse importante et contexte de polygamie musulmane de certaines régions ; la perte de la fertilité chez les femmes ménopausées menace toute leur existence sociale, avec un risque de répudiation.
Dans d’autres régions comme l’Ouganda ou l’Ethiopie, c'est tout l'inverse. En Ouganda, la femme ménopausée devient socialement l’égal de l’homme et peut exercer son autorité sur les enfants de la tribu. Chez certaines populations d’Ethiopie, les femmes peuvent, après la ménopause, entrer dans les sites sacrés et toucher les aliments rituels jusqu'ici interdits.
Enfin en Afrique du Sud, chez les zoulous, la ménopause est très valorisante, elle donne un nouveau statut social important, à l’égal des hommes.
Malgré ces différences culturelles, un fil conducteur unit toutes les femmes : la ménopause est bel et bien une étape de transition, un moment de changement et de reflexion.
Plutôt que de la considérer comme une fin, il est important de la voir comme un nouveau chapitre, une opportunité de se recentrer sur soi-même et de s'épanouir.
Un éventail de possibilités avec les traitements naturels
Médecine traditionnelle chinoise :
- l'acupuncture est utilisée pour équilibrer le flux d'énergie (QI) et soulager les bouffées de chaleur, les insomnies et les sautes d'humeur.
- des formules d'herbes médicinales à base de dong quai, de rehmannia et de chrysanthème sont utilisées pour réguler les hormones et soulager les symptômes.
- le taî-chi et le qi-gong, sont des pratiques douces qui favorisent l'équilibre du corps et de l'esprit, réduisant le stress et améliorant le bien-être général.
Médecine ayurvédique indienne :
- les herbes médicinales comme l'ashwagandha, le shatavari et le triphala sont utilisées pour équilibrer les "doshas" (energies vitales) et soulager les symptômes.
- le yoga et la méditation favorisent la relaxation, réduisent le stress et améliorent la qualité de sommeil.
- une alimentation, riche en aliments frais et naturels est considérée comme essentielle pour maintenir l'équilibre hormonal.
Japon :
- Le soja, très présent dans l'alimentation japonaise, est riche en isoflavones /phytoestrogènes qui peuvent aider à attenuer les symptômes de la ménopause.
Médecine traditionnelle africaine :
- Une grande variété de plantes médicinales locales sont utilisées comme le yam sauvage pour ses propriétés phytoestrogéniques ; le buisson africain "Sutherlandia frutescens" pour ses propriétés anti-inflammatoires et antidepressives
- les rituels et cérémonies parfois présents dans certaines cultures, célèbrent le passage à un nouveau stade de vie.
- les guerisseurs, gardien des connaissances traditionnelles, jouent un rôle important dans l'accompagnement des femmes ménopausées, en utilisant leurs conaissances des plantes et des pratiques traditionnelles.
France :
Outre les traitements modernes, nous avons à notre disposition, une abondance de plantes reconnues pour leurs bienfaits sur les symptômes de la ménopause.
La sauge est une plante aromatique commune largement utilisée en cuisine.
Un adage dit d'elle : "Qui a de la sauge dans son jardin, n'a pas besoin de médecin." .
Elle possède de multiples vertus pour la santé. Son action est similaire aux oestrogènes et sera une alliée précieuse pour celles qui souffrent de bouffées de chaleur, avec sueurs diurnes et nocturnes.

Infusion feuilles de sauge officinale salvia officinalis : peuvent être utilisées à raison de 1 à 3 g de feuilles séchées, 3X/jour. Prudence avec la sauge fraiche, en raison de sa présence en thuyone, ne pas laisser infuser trop longtemps.
En cuisine : utilisez la sauge pour la préparation de vos bouillons ou soupe; pour aromatiser vos plats de légumes ou viande (se marie parfaitement avec le porc), pour parfumer le riz...
Huile essentielle de Sauge sclarée salvia sclarea : 1 goutte d'huile essentielle sur un support neutre ou dans une CAC d'huile d'olive, matin et soir maximum 5 jour par semaine, et jamais plus de 3 semaines consécutives.
Attention ne pas utiliser l'HE en cas de fibrome, d'ATCD de cancer hormono-dépendant (sein, ovaire, endomètre), en raison de son effet "oestrogèn-like".
L'actée à grappes noires, Actea racemosa, autrefois appelée Cimicifuga racemosa fait partie de la famille de Renonculacées, c'est une plante vivace qui était traditionnellement utilisée par les Amérindien et a été introduite sous la forme d'homéopathie en 1855. Les parties de la plante utilisée sont le rhizome et les racines , qui sont séchées et broyées en poudre pour être proposées en gelules. Les composants de la plante aident à lutter contre les troubles neurovégétatifs (bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, la sécheresse vaginale, les troubles du sommeil). Ils réduisent également de nombreux effets psychiques comme la nervosité, l'irritabilité et les angoisses.
Forme sèche (racine séchée, poudre ou gélule) : la posologie recommandée varie de 40 mg à 120 mg par jour, répartis en deux prises. Commencez par la dose la plus faible et augmentez petit à petit.
Extraits normalisés (liquide ou comprimés) : les concentrations selon les fabricants peuvent différer, il est donc nécessaire de se référer aux instructions du laboratoire.
L'actée à grappe noire n'est pas à prendre au long court.

Actée à grappes noires Précautions : bien que cette plante soit bien tolérée, consultez un professionnel de santé avant de commencer le traitement, en particulier si vous avez des problèmes de santé prééxistants ou si vous êtes déjà sous traitement médicamenteux.
Le trèfle rouge, Trifolium pratense, est une plante herbacée vivace, riche en isoflavones, composés végétaux qui agissent comme des oestrogènes et permettent d'atténuer les symptômes liés aux fluctuations hormonales.
Disponible sous différentes formes : capsules, comprimés, extraits liquides et infusion.
Les dosages varient en fonctions du produit, il est important de suivre les instructions du fabricant ou les recommandations d'un professionnel de santé.

Trèfle rouge Précaution : le trèfle peut interagir avec les anticoagulants et les traitements hormonaux.
Attention, comme toutes les plantes contenant des phyto-oestrogènes, il est contre-indiqué aux personnes ayant des antécédants de cancers hormono-dépendants
Les graines de lin sont une source naturelle de lignanes, des composés phytoestrogéniques dont les bienfaits principaux sont :
- l'atténuation des bouffées de chaleur, une amélioration de l'humeur grace à la présence d'oméga 3,
- un effet protecteur sur les os
-grace à sa teneur en fibres, le lin participe à une bonne santé digestive et lutte contre la constipation assez fréquente à cette période.

Graines de lin L'huile d'onagre, est une source d'acide gamma-linolénique (GLA), un acide gras oméga-6. Ce GLA est converti en prostaglandines, des hormones qui peuvent aider à réguler l'inflammation et la production de mucus. Ainsi il contribue à hydrater les muqueuses vaginales, réduisant ainsi la sécheresse et l'inconfort.
Utilisation voie orale : l'huile d'onagre est disponible sous forme de capsules ou de gelules. La prise régulière de ces compléments alimentaires peut aider à améliorer l'hydratation des muqueuses de l'intérieur.
Utilisation par voie locale : on peut utiliser l'huile en application locale directement sur la vulve ou même à l'intérieur du vagin. Pour ce faire , il est crucial d'utiliser de l'huile d'onagre de qualité, spécialement conçue pour un usage intime.

Fleur d'onagre et capsules d'huile d'onagre Précaution : l'huile d'onagre peut interargir avec certains médiaments, notamment les anti-coagulants.
Si les solutions ciblées par symptomes ne manquent pas, il est aussi indispensable d'adapter son mode de vie à sa nouvelle condition.
Au XII siècle, Hildegarde de Bingen prônait déjà une approche holistique de la santé, qui incluait l'alimentation, l'exercice, le sommeil et l'équilibre émotionnel.
Alors oui, la ménopause est une étape de transition mais fort de notre expérience de femme et/ou maman ; elle représente surtout une opportunité de se recentrer sur soi-même et de s'épanouir autrement.







Un article passionnant sur un sujet peu abordé sauf depuis peu. Le problème des traitements naturels ou pas, et comme tu le soulignes, c'est qu'ils sont fortement déconseillés aux femmes qui ont des cancers hormonodépendants. C'est mon cas et je dois donc endurer tous les effets de la ménopause sans pouvoir vraiment réagir.