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La théorie des plantes signatures

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Point de poisson d'Avril en ce premier jour du mois.

Je préfère vous emmener remonter les siècles et l'histoire vers des croyances d'un autre temps.....


Comment les propriétés des plantes ont-elles été découvertes ?

Il existe 3 hypothèses :

  • Par l’observation du comportement des animaux. Ces derniers sont poussés d’instinct vers les plantes qui vont guérir leurs blessures ou leurs maux, voire même prévenir des maladies. Cependant certaines plantes bienfaitrices pour les animaux se révèlent toxiques pour l’homme.

  • Par la consommation accidentelle de plantes. Au fil du temps et des générations, l’homme a consommé les plantes de son environnement. Il a ainsi appris à en connaître les bienfaits ou la toxicité.

  • Par la révélation divine, qui fut longtemps considérée comme le fondement de la loi des signatures. Chez les Grecs, le centaure Chiron enseigne au dieu Esculape la connaissance des plantes afin qu’il la transmette aux humains. Dans la plupart des cultures, on retrouve en effet l’idée que c’est Dieu qui a créé les remèdes. Dans cette vision l’homme va tout simplement chercher des plantes présentant des signes lui indiquant ce qu’elles traitent ; c’est ce que l’on nomme : la théorie des Signatures.

La Théorie des signatures est une méthode d'observation des plantes médicinales selon laquelle leur forme, leur aspect et leur couleur seraient en lien avec leurs propriétés thérapeutiques.


L’HISTORIQUE DE LA THEORIE DES SIGNATURES

Dès l’ Antiquité se forme la conception d’une relation triangulaire entre les hommes, les plantes et les dieux. L’utilisation des plantes médicinales s’inscrit dans des « croyances phytoreligieuses » dont toutes les parties (astrales / minérales / végétales / animales) sont reliées par un phénomène de sympathie universelle.

Ces conceptions se développent en Égypte, au Moyen-Orient, en Inde et en Chine. Le monde grec reprend ces conceptions et tout le savoir accumulé.

En Europe, la loi des signatures était sans doute pratiquée depuis la nuit des temps dans la médecine populaire, où la transmission des savoirs était orale.

Pour les médecins et botanistes grecs les « pharmaka » sont les substances végétales à l’action ambivalente (remède ou poison) dont il faut maîtriser la dynamis, c’est à dire la potentialité d’action ou de transformation.

La première synthèse sur la théorie de la Dynamis est celle de Dioscoride dans son traité de la matière médicale. Il y étaye le principe des contraires : le médicament doit agir à l’inverse du processus de la maladie.


Au Moyen-âge, la phytothérapie médiévale s’oriente alors dans deux directions :

- L’une astrologique, cherchant à mettre en rapport les plantes et les astres.

- L’autre à définir les vertus des plantes d’après leurs formes (feuilles, appendices, racines, sucs, couleurs...)


C’est au XVI siècle que la loi des signatures va acquérir ses lettres de noblesse car c’est à cette époque que les alchimistes l’intègrent à leur théorie et vont tenter de le systématiser. Cette théorie marque en fait un tournant où la médecine va se tourner vers l’observation et l’expérimentation. Cette théorie reste une des théories fondatrices de l’homéopathie moderne.


Ainsi, de la Renaissance aux Lumières, l’idée de signature va se développer avec le médecin suisse Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, plus connu sous le nom de Paracelse (1493-1541) qui formule le principe similia similibus curantur (les semblables soignent les semblables) et écrit « tout ce que la nature crée, elle le forme à l’image de la vertu qu’elle entend y attacher ».

En 1527, il est nommé à la chaire de médecine de Bâle, où il s’élève contre la rationalité d’Hippocrate (la théorie des humeurs : bile jaune, bile noire, froid et humide) et Galien qui ne laissaient aucune place aux divinités, surnaturel ou forces magiques), mais aussi par Oswald Crollius (1560- 1609) dans sa 3 partie de la Basilica chymica, qui cite : « Le pavot avec sa couronne [...] représente la tête et le cerveau : sa décoction est fort propre pour les maladies de tête. Les noix [...] ont toujours la signature de la tête : car l’écorce verte par dehors représente le péricrâne ; c’est pourquoi le sel d’icelles sert pour les plaies du péricrâne. »


Giambattista Della Porta (1535-1615), publia en 1586 un volume illustré, titré De Humana physiognomonia dans lequel il expose la théorie, poussée à l’extrême, d’un système de relation entre les plantes, les animaux et même les corps célestes. Il y décrit longuement les analogies de formes et similitudes d’aspect comme autant d’indices pour leurs utilisations.


Gérard John (1545-1612) botaniste anglais, écrit en 1597 The herbal or general historie of Plantes, une première publication de ce type et qui est sans doute l’un des plus populaires herbiers britanniques. Il y répertorie sur des gravures sur bois, plus de 1800 plantes thérapeutiques ainsi que des plantes considérées comme magiques à l’époque. Gérard John, en utilisant la loi des signatures, avait su déterminer les propriétés de nombreuses plantes médicinales (comme la spirée contenant de l’aspirine, et les Digitalis contenant de la digitaline).


Jacob Bohme (1575-1624), diffuse la doctrine de la théorie des signatures avec l’ouvrage The signature of all things.




COMPRENDRE LES SIGNES EN FONCTION DES DIFFERENTS TYPES DE SIGNATURE


Signatures intrinsèques liées aux caractéristiques propres de la plante

En Afrique l'analogie entre la nature et le corps humain était toujours dans les croyances comme le montre une étude en 1951, « Les Bambara », tribu du Mali, avaient une forte croyance dans les dons de la nature.

Un proverbe Bambara dit :

« L’arbre ne ment pas, c’est l’homme qui peut se tromper »

Ainsi : La tête correspond à la couronne des arbres et au sommet pour les autres plantes. Le tronc d’arbre correspond au tronc humain Les tiges et branches aux membres inférieurs et supérieurs Les pieds quant à eux sont assimilés à la racine L’écorce correspond à la peau Les fleurs à l’appareil génital

Les fruits sont comparés aux enfants.


Les feuilles seront employées pour les remèdes pour la tête. L’écorce pour les maladies du buste/ tronc. Les racines pour les membres, pieds mais peuvent aussi s’attaquer aux racines même de la maladie. Le gui est réputé extrêmement puissant car il concentrerait toute la vertu curative de la plante sur laquelle il pousse.


En Amérique du Nord, les Indiens considéraient les plantes vermiculées comme anthelminthiques (vermifuges).

Les plantes dont le suc étaient blancs favorisaient la lactation.

La Clématite soignait la calvitie car ses fruits étaient poilus et stimulaient la pousse des cheveux....



Et plus particulièrement en Europe

Les racines, de formes très variées permirent de trouver des remèdes à de nombreux maux :

- Racines charnues qui rendaient les hommes charnus

Exemple : betterave, rave, navet.


- Racines noueuses ou digitées traitent les doigts enflés ou endoloris des goutteux.


Exemple : Colchicum autumnale, colchique d’automne de la famille des Liliaceae. Son oignon ressemblant à un orteil atteint par la goutte, il fut utilisé pour lutter

contre cette maladie. Un des principes actifs, découvert ultérieurement baptisé colchicine, est effectivement prescrit pour l’arthrite goutteuse. Cette colchicine peut se révéler être un poison à partir de doses très faibles, on a donc assisté souvent à des intoxications violentes, parfois mortelles.





- Racines renflées en petits bulbest raitent les hémorroïdes.

Exemple : Ficaria verna, la racine de Ficaire appartient à la famille des Renonculaceae. Son nom vient du latin ficus qui peut être une allusion à la forme des tubercules.

Employée par les paysans de la montagne du Bourbonnais dans cette indication thérapeutique au motif que leurs racines présentaient des renflements en tous points analogues à des hémorroïdes. Elle pouvait être portée en talisman autour du cou pour prévenir les hémorroïdes.





- Racines en forme de corde traitent les affections du cœur.


Exemple: Centranthus ruber, valériane rouge ou lilas d’Espagne appartenant à la famille des Caprifoliaceae.









- Racines chargées d’écailles traitent les affections cutanées qui rendent la peau squameuse, comme la gale.



Exemple : Lilium, bulbe de lys, de la famille des Liliaceae. Utilisé depuis l’antiquité pour soulager l’inflammation et les brulures. Appliqué en onguent, elle possède des vertus antiseptiques et une action cicatrisante. Elle calme les rougeurs et les démangeaisons.





- Racines de certaines gentianes de la famille des Gentianaceae se sectionnent comme un os, on les utilise donc pour les membres fracturés ou blessés.


Les tiges,

- noueuses sont efficaces contre la goutte (vigne, houblon).











- creuses et fistuleuses traitent les maladies des artères et des vaisseaux.









- Les troncs rejetant facilement l’écorce traitent les maladies de la peau (cerisier, sapin, platane).








Les feuilles

- en forme de plante de pied, traitent naturellement les maladies de pieds.




Exemple : Plantago lanceolata aussi appelé́ plantain étroit ou herbe à cinq côtes de la famille des Plantaginaceae. Plantago vient du latin « planta » qui signifie d’ailleurs «plante des pieds».








- Les feuilles ressemblant aux poumons traitent des maladies pulmonaires.


Exemple : Pulmonaria officinalis, pulmonaire officinale de la famille des Boraginaceae. Ses feuilles portent des taches éparses rappelant des alvéoles pulmonaires. Aujourd’hui on connaît ses propriétés expectorantes et sa richesse en mucilages, à l’action adoucissante sur les voies respiratoires.





- Les feuilles cordiformes traitent les problèmes cardiaques.


Exemple : Leonorus cardiaca, agripaume de la famille des Lamiaceae. Vient du latin acer, acris qui signifie pointu et palma, désignant la paume de la main.







- Les feuilles dont la texture rappelle celle de la peau (pores) traitent les blessures et problèmes cutanés.


Exemple : Hypericum perforatum, le Millepertuis de la famille des Hypericaceae, signifie « mille trous » provenant de l’ancien français « pertuis » (trous) en référence à la feuille du millepertuis perforée, qui semble percée de nombreux petits trous quand on observe sa feuille par transparence. Il est utilisé́ depuis 2400 ans et possède des propriétés anti-inflammatoires cicatrisantes et antalgiques.




Les fleurs , et leurs couleurs, sont à l’origine de nombreuses signatures dont 3 ont suscité l’intérêt :


- Rouge : propriétés hémostatiques et cicatrisantes ou emménagogues, parfois les deux.

Exemple : Dans la famille des Rosaceae, Sanguisorba officinalis, ou Pimprenelle, dont les fleurs de couleur rouge sang étaient utilisées pour traiter les hémorragies. De fait, la Pimprenelle a des propriétés hémostatiques, dues à la présence de tanins en forte concentration dans sa racine.







- Jaune : utilisées pour soigner les différentes affections causées par un dérèglement biliaire ou urinaire.

Exemple : Taraxacum officinale, Pissenlit de la famille des Asteraceae, pour traiter la jaunisse.













- Blanche : fleurs banches mais aussi sucs de la tige dont les propriétés sont en rapport avec le lait, la « bave » ou les troubles de la vue.


Exemple : Lamium album, lamier blanc ou ortie blanche, plante herbacée appartenant aux Lamiaceae, qui favorise la lactation.










Mais aussi leurs formes ressemblant à un organe ou partie d’organe :


- Exemple : Euphrasia officinalis, Euphraise de Rostkov, de la famille des Scrophulariaceae. Utilisée dès le moyen âge pour ses vertus sur la sphère ophtalmique. En décoction elle était réputée soigner l’ophtalmie, la blépharite, les larmoiements ou la conjonctivite. Plante herbacée à petites fleurs blanches veinées de rose, à corolle bilabiée, dont la gorge est marquée d’une tache jaune évoquant un œil. Son surnom ancien de « casse lunettes » et son appellation en anglais de « eyebright » (brillance de l’œil) ou encore en allemand « Augentrots » (consolation des yeux ou baume pour les yeux).






- Exemple : Aristolochia clematitis, Aristoloche clématite de la famille Aristolochiaceae. Autrefois utilisée pour faciliter les accouchements (les anglais l’appelaient « birthwort » (racine de naissance). La forme courbe de sa fleur rappelle en effet celle d’un fœtus.






Les comestibles (fruits, légumes, racines)

Il existe de nombreuses signatures issues de leurs formes. Voici les exemples les plus répandus dont certains ont fait l’objet d’études.

- La figue de Barbarie était reconnue au Mexique contre les tumeurs en raison de la similitude de leurs formes.













- L’avocat évoque la matrice et le col de l’utérus, ils aident à l’équilibre hormonal féminin et est un atout pour la femme enceinte. En effet il contient des acides gras, de la vitamine K, de la vitamine B6 (qui aide à soulager les nausées) et B9 (l’acide folique, quiprévient des anomalies du système nerveux chez le foetus), vitamines essentielles pendant la grossesse.

Par ailleurs, Il faut exactement 9 mois pour faire un avocat en partant de la fleur jusqu’au fruit à maturité.






Les agrumes, pamplemousses, oranges ont en plus de leur similitude physique, une richesse en flavonoïdes reconnus pour leurs actions bénéfiques sur le cancer du sein en inhibant le developpement des cellules cancéreuses.